Notre projet est né de la rencontre entre un corps butoh, une musique minimaliste et une ligne noire sur un écran blanc. La musique a eu un rôle secondaire dans l’histoire du butoh si on compare au rôle de la littérature ou de la peinture. Dans ce contexte, c’est l’écran de projection et la ligne noire qui ont le plus influencé les mouvements corporels, la musique électronique, basée sur des percussions et inspirée par une ancienne performance de butoh, a eu un rôle de repère pour le changement des tableaux constituant la chorégraphie et la création d’une atmosphère non spécifique pour l’induction des états du corps.
La musique ayant une influence sur la ligne, il était frustrant que le corps en mouvement, inévitablement bruyant, ne puisse en avoir aucune. Il ne s’agissait plus d’amplifier seulement les bruits du corps (battements cardiaques, le souffle ou le zapateado du malambo) en les projetant dans l’espace, mais de les transformer par l’appareillage informatique pour improviser une musique dans l’immédiateté. Et du côté corps, corps butoh, fragmenté, objectivé, il s’agit de produire des sons par la danse des membranes internes (le palais buccal, le diaphragme et le plancher pelvien) qui prennent la succession de la membrane peau utilisée dans la première partie de la performance.